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J’aurais pu classer mes textes en correspondance avec chaque disque…
C’est ce que tout le monde fait... Mais j’ai trouvé plus intéressant de les classer par thèmes… Les pages seront ainsi plus cohérentes pour ceux qui auront envie de les découvrir. Cela me donne aussi la possibilité d’ajouter des chansons inédites, Que peut-être un interprète aura envie de chanter…Ou un
compositeur d’en refaire la musique… Cependant tous mes textes ont une
musique.
Ils sont classés, en principe, par ordre chronologique. Si vous prenez la peine d’explorer les divers thèmes... Vous verrez que mon inspiration est très diverse...
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J’aime particulièrement les mots,
les idées... les livres. Je dois beaucoup au couple Quinault, marchands de journaux rue Caulaincourt, qui me permettaient de lire toutes les bandes dessinées, assise par terre dans leur magasin... et qui finiront par me prêter les livres de leur fille Jacqueline, étudiante en philologie. Jacqueline me fit découvrir le TNP et le Festival d’Avignon à 13 ans... (En échange, je l’emmènerai en Savoie découvrir les vaches...) J’ai emprunté à Blaise Cendrars le nom d’un chapitre de « Bourlinguer » -qui me convient si bien- pour écrire mon Paris Port-de-Mer Et puis, j’adore Le cinéma. Une bonne cure de cinéma est plus tonique qu’une cure thermale ! Ma mère tenait un magasin de lingerie à Passy, au dessus d’un cinéma de quartier. Et tous les jeudis... l’ouvreuse me faisait entrer pour voir le film de la semaine... Par la suite... j’ai suivi assidûment les critiques de Michel Cournot, dans le Nl Obs. Aussi, ce sont ces chansons que j’ai choisi de mettre en exergue de ce recueil... ...ce sont les chansons de mes débuts. La mode de nos jours est à la chanson aseptisée, inodore et sans saveur. Les chanteurs sont politiquement corrects ... Ce sont les rappeurs qui ont repris la parole, le parlé vrai, la contestation. A une certaine époque, on appelait cela chansons engagées... Et à l’étranger protest-songs... Mais voilà que nous arrive Linda Lemay, je rêve ! on se croirait revenu au beau temps de L’Ecluse et
de La Contrescarpe ! Il faut bien qu’elle soit Canadienne pour avoir échappé à l’élagage... Tous les textes d’Annie Nobel : droits réservés SACEM |
Les mots Les mots Sont tissés à l’envers Du cri à la trame du coeur Conquis à la pointe du fer Autant de perles Autant de pleurs Les mots se défont de travers Quand on les tire Au fil des heures Il faudrait toujours les refaire Comme un printemps A chaque fleur Les mots Comme autant de putains Cherchent clients Dans nos idées Se réveillant au creux des reins Pour dire l’amour qu’on a rêvé Les mots frissonnent au matin Quand les yeux Sont encore blessés Et qu’il ne nous reste plus rien Que ces coquilles désertées Les mots Vont ébranler nos joies Et troubler le coeur du silence Ils font Trop de bruit dans nos voix Et viennent rompre la cadence Les mots Se trouvent maladroits Devant les choses de l’enfance Ils se sentent trop à l’étroit Quand le ciel dans l’eau Se balance Les mots adoucissent les jours De ceux qui crèvent Dans le noir Ils savent forger les amours Qui n’auraient jamais eu D’histoire Les mots Font sonner les tambours Et se lever le jour de gloire Ils viennent Chanter dans nos cours Et finir au journal du soir Les mots Qui jusque sur la pierre Viendront encore inscrire Nos noms Tout comme une ultime prière Une dernière déraison Les mots Que j’assemble, ouvrière Pour tisser un peu d’émotion Quand je sais Qu’il vaut mieux se taire Et n’écouter que la chanson... ...DES MOTS... - Inédit - 1964 |
Paris Port de mer A Paris Port-de-Mer Y’a pas de grands bateaux Mais y’a des capitaines Qui ont navigué haut Et qui ont pris la mer Peut-être un peu trop tôt Sans que jamais les vagues Les ramènent au ruisseau Ils rentrent dans la ville Tout chargés d’aventures Et la tête remplie De souvenirs précieux Les voiles déployées Et la manoeuvre sûre Ils reviennent au pays Quand ils se sentent vieux A Paris Port-de-Mer Les quais ne sont pas larges Mais les débarcadères Ouvrent sur Notre-Dame Et sur un univers De livres en décharge Qui forment des dockers Légers de corps et d’âme Dans les bistrots, des gars Qui ont le pied marin Louvoient toute la nuit Du Louvre à St Germain D’autres font des voyages Du côté de Pantin En pensant que c’est bien En trouvant que c’est loin A Paris Port-de-Mer On ne voit pas la mer Pourtant le vent du large Vient souffler sur nos terres Et naissent des tempêtes Et montent des chansons Qui ébranlent les coeurs Bien au-delà des ponts Pour entrer dans la rade Il faut trouver le vent C’est une voie royale Vieille de deux mille ans Oui mais quand la sirène Appelle ses enfants Ils viennent de partout Car c’est la voie du sang A Paris Port-de-Mer La Seine ouvre son lit Mais gardedans son coeur Ses îles endormies Elle prend dans ses bras Celui qui veut l’aimer Et comme au port de mer Il peut s’y reposer... |
Le cinéma C’est une image en noir et blanc Sur l’écran Pour les Enfants du Paradis Qui s’ennuient C’est un langage de silence En balance Un livre parlant permanent Pour les grands Le cinéma, c’est plus que ça Comme un abri contre l’oubli Le cinéma C’est la liberté de sortie Dans la vie Pour des Pierrots Beaucoup plus sages Que l’image
C’est une partie de campagne En Cocagne Un grand amour sur le divan En passant Le cinéma, c’est plus que ça Comme un avion pour l’émotion Le cinéma C’est des choses Que l’on voudrait faire Sur la terre
Le rêve que l’on peut avoir Pour un soir Un peu de toi, un peu de moi Que l’on voit Avec le coeur, de l’intérieur Par pudeur Le cinéma, c’est plus que ça Comme un pays au fond de soi Le cinéma Pour les conquérants Qui s’installent Dans la salle Et Pour les cow-boys de banlieue Silencieux Pour les Bardots et les Garbos En sabots Les Marilyns et les Marlènes A la chaîne Le cinéma, c’est moins que ça De l’illusion, du CI-NE-MA Le cinéma
Le cinéma
Le cinéma
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Une autre chanson hors normes, symbolise bien mon penchant pour l’espace, la métaphysique et... la philosophie.
Mon producteur
de l’époque - et toujours ami - Moshe Naïm a même eu l’idée de l’enregistrer à l’envers...
Une rareté, figurant
dans un 45 tours au format lui aussi hors normes, si bien qu'il ne rentre dans aucun rangement...
Son titre Il neige
ne fait référence en aucun cas à la poussière d’ange à laquelle je n’ai jamais touché...
Mais bien à la
vraie neige sur laquelle j’adore skier et faire ma trace, comme sur une page blanche...
| Il neige
Il neige, il neige vous le dites Il neige mais dites, où neige-t-il , Il neige, il neige sur Paris Sur la Seine cela se voit-il ? Il neige, il neige sur Montmartre Sur St Germain, sur Montparnasse La ville prend couleur d’albâtre Et déjà se fond dans l’espace Il neige, sur la Terre Sur Hong Kong et sur Panama Il neige, il neige sur la mer Et déjà voila qu’elle se noie Il neige, il neige sur l’Hiver Et sur le vent et sur le froid Il neige, il neige sur l’envers Tout aussi bien que sur l’endroit Il neige, il neige sur le Temps Il neige, il neige sur la vie Il neige sur les sentiments Sur l’amour et puis sur l’ennui Il neige, il neige sur l’Histoire Sur le Diable et sur le Bon Dieu Il neige sur le dérisoire Il neige, il neige sur les cieux Il neige, il neige sur la neige Il neige, il neige sur mes yeux Il neige, il neige où m’en vais-je ? Je suis la neige, je suis Dieu ! |
